© Schramm Film
Une transposition du mythe germanique d’Ondine dans le Berlin d’aujourd’hui, par le chef de fil du Nouveau cinéma allemand, entouré de deux nouvelles coqueluches du cinéma d’auteur d’outre-Rhin.
Ondine vit à Berlin, elle est historienne et donne des conférences sur la ville. Quand l’homme qu’elle aime la quitte, le mythe ancien la rattrape : Ondine doit tuer celui qui la trahit et retourner sous les eaux…
Vos derniers films avaient tous un arrière plan historique ou politique explicite. Pour Ondine, vous avez choisi comme point de départ un conte.
Je ne sais pas si l’on peut vraiment faire la distinction. Ondine parle de l’amour, ce que faisaient aussi Barbara, Phoenix et Transit. Mais dans ces films, il s’agissait d’un amour impossible ou d’un amour détruit, ou encore d’un amour qui va peut-être se développer. Cette fois, je voulais faire un film où l’on voit comment l’amour naît et perdure. De plus, il n’y a pas d’histoire apolitique. Le politique se glisse toujours dans les histoires.
Qu’est-ce qui vous rattache au thème d’Ondine ?
Dans les années 90, j’ai lu Liebesverrat de Peter von Matt, où l’on trouve un chapitre sur le mythe d’Ondine, et je me suis intéressé à cette histoire de l’amour trahi. L’histoire d’Ondine, je la connaissais depuis mon enfance, mais en fait j’ai toujours de faux souvenirs des choses. C’est peut-être nécessaire, d’ailleurs, pour écrire des scénarios : des faux souvenirs, comme un faux témoignage… Ce dont je me souvenais bien, c’est cette phrase qu’Ondine prononce à la fin, quand elle a tué l’homme infidèle et dit à ses serviteurs : « Je l’ai noyé dans mes larmes ». J’ai toujours aimé cette phrase de Fouqué. Ce souvenir s’est mêlé à d’autres versions, celles de Lortzing ou de Hans-Christian Andersen avec sa « Petite sirène », où ce thème revient sous une autre forme. Et un jour, j’ai lu aussi Ingeborg Bachmann : Ondine s’en va. Chez elle, j’ai bien aimé le fait que ce soit Ondine qui parle, et non un narrateur ou un homme quelconque. C’est une femme qui parle. Sous cet angle-là, on pourrait faire un film, me suis-je dit : en se focalisant sur Ondine, sur son désespoir. La malédiction, chez Ingeborg Bachmann, c’est que les hommes ne sont jamais fidèles parce qu’en réalité ils n’aiment qu’eux-mêmes. Et le fait de briser cette malédiction, dans une perspective féminine, cela me semblait être le point de vue juste pour ce récit. Le fait qu’Ondine, chez nous, refuse de retourner vers le lac dans la forêt. Qu’elle ne veuille pas tuer. Il y a là un homme, Christoph, qui l’aime pour elle-même, c’est la première fois et c’est pour cet amour qu’elle se bat.
Extrait d’un entretien avec Christian Petzold
2020 ONDINE
2018 TRANSIT
2015 PHOENIX
2012 BARBARA
2009 JERICHOW
2007 YELLA
2005 FANTÔMES
2003 WOLFSBURG
2001 CONTRÔLE D’IDENTITÉ
Un film de CHRISTIAN PETZOLD
Avec PAULA BEER, FRANZ ROGOWSKI
Ecrit et réalisé par CHRISTIAN PETZOLD
Directeur de la production : DORISSA BERNINGER
Montage : BETTINA BÖHLER
Son : ANDREAS MÜCKE-NIESYTKA
Décors : MERLIN ORTNER
Costumes : KATHARINA OST
Maquillage : SCHARKA CECHOVA
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