© Gianni Fiorito
Le nouveau film de Paolo Sorrentino, qui dirige pour la 5ème fois le comédien Toni Servillo.
Il a habité nos imaginaires par la puissance de son empire médiatique, son ascension fulgurante et sa capacité à survivre aux revers politiques et aux déboires judiciaires. Il a incarné pendant vingt ans le laboratoire de l’Europe et le triomphe absolu du modèle libéral après la chute du communisme.
Entre déclin et intimité impossible, Silvio Berlusconi incarne une époque qui se cherche, désespérée d’être vide.
SILVIO ET LES AUTRES est un récit fictionnel en costumes d’époque, qui raconte des événements vraisemblables ou inventés, entre 2006 et 2010.
À partir d’une mosaïque de personnages, SILVIO ET LES AUTRES cherche à esquisser, à travers des regards ou des intuitions, un moment historique définitivement révolu qui, dans une vision très synthétique des choses, pourrait être qualifié d’amoral et de décadent, mais est aussi d’extraordinairement vital.
SILVIO ET LES AUTRES veut également raconter quelques Italiens, nouveaux et antiques à la fois. Des âmes d’un purgatoire imaginaire et moderne qui décident, sur la base de motivations hétérogènes comme l’ambition, l’admiration, l’intérêt, le profit personnel, de se mettre à tourner autour d’une sorte de paradis en chair et en os : un homme appelé Silvio Berlusconi.
Ces Italiens, à mes yeux, sont porteurs d’une contradiction : ils sont prévisibles mais insondables. Une contradiction qui est un mystère. Un mystère qui est le nôtre et que le film essaie d’aborder, sans porter de jugements. En étant simplement animé d’une volonté de comprendre, en adoptant un ton qui, aujourd’hui, est considéré à juste titre comme révolutionnaire. Le ton de la tendresse.
Mais ici apparaît un autre Italien. Silvio Berlusconi. Tel que je l’imaginais.
Le récit d’un homme, avant tout, et juste accessoirement, du politique.
On pourrait m’objecter que si le politique est bien connu, l’homme l’est tout autant. J’en doute.
Un homme, en ce qui me concerne, est plus le produit de ses sentiments qu’un assemblage de faits biographiques. Ainsi, dans notre histoire, le choix des faits à raconter ne se fait pas sur la base de ce qui a été considéré digne de l’être dans l’actualité du jour, mais a pour seule fin d’essayer de fouiller, à tâtons, dans la conscience de l’homme.
De fait, quels sont les sentiments qui animent les journées de Silvio Berlusconi ces années-là ? Quelles sont les émotions, les peurs, les déceptions de cet homme lorsqu’il affronte des événements qui ressemblent à des montagnes ? C’est, pour moi, un autre mystère qu’aborde le film.Les hommes de pouvoir des générations qui ont précédé celle de Berlusconi, représentaient d’autres mystères, parce qu’on ne pouvait les approcher. Autrefois on parlait, peut-on rappeler, de désincarnation du pouvoir.
Silvio Berlusconi, en revanche, est probablement le premier homme de pouvoir qui soit un mystère que l’on peut approcher.Il a toujours su se raconter, infatigablement : il n’est de meilleur exemple que le roman-photo intitulé Una storia italiana qu’il envoya à tous les Italiens en 2001. C’est aussi ce qui a fait de lui un symbole, inévitablement. Un symbole, à la différence d’un être humain ordinaire, appartient à tout le monde. Et donc, en ce sens, il représente aussi une partie de tous les Italiens.
Mais, naturellement, Silvio Berlusconi est beaucoup d’autres choses. Ce n’est pas facile d’en faire une synthèse. C’est pourquoi je dois demander de l’aide à quelqu’un de beaucoup plus doué que moi : Hemingway. Dans Le soleil se lève aussi, Hemingway écrit : « Personne ne vit pleinement sa vie, à l’exception des toréadors. » Voilà, en une paraphrase, l’image la plus parlante qu’on peut avoir de Silvio Berlusconi : un toréador.
PAOLO SORRENTINO
2018 SILVIO ET LES AUTRES / LORO
2016 THE YOUNG POPE – Série TV
2015 YOUTH
2013 LA GRANDE BELLEZZA
2011 THIS MUST BE THE PLACE
2008 IL DIVO
2006 L’AMI DE LA FAMILLE / L’AMICO DI FAMIGLIA
2004 LES CONSEQUENCES DE L’AMOUR / LE CONSEGUENZE DELL’AMORE
2001 L’UOMO IN PIU
LA NOTTE LUNGA – Court métrage
1994 UN PARADISO – Court métrage
INDIGO FILM, PATHE et FRANCE 2 CINEMA présentent
Un film réalisé par PAOLO SORRENTINO
Avec TONI SERVILLO, ELENA SOFIA RICCI, RICCARDO SCARMARCIO, KASIA SMUTNIAK, EURIDICE AXEN, FABRIZIO BENTIVOGLIO
Écrit par PAOLO SORRENTINO, UMBERTO CONTARELLO
Production : NICOLA GIULIANO, FRANCESCA CIMA, CARLOTTA CALORI, VIOLA PRESTIERI
Coproduction : JÉRÔME SEYDOUX, ARDAVAN SAFAEE, MURIEL SAUZAY
Image : LUCA BIGAZZI
Montage : CRISTIANO TRAVAGLIOLI
Décors : STEFANIA CELLA
Costumes : CARLO POGGIOLI
Son : EMANUELE CECERE
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